« Initium Maris fait référence à la région du Finistère, l'extrême ouest, et à son étymologie latine, Finis Terrae, la fin de la terre. Ce projet nous place au « début de la mer », celui de l'exploration du littoral dans sa partie immergée, d'une expédition pour voir, montrer et penser l'invisible. » Nicolas Floc’h

Pour cette première exposition d’envergure de Passerelle aux Ateliers des Capucins, le centre d’art contemporain présente l’œuvre photographique de Nicolas Floc’h. Celui-ci observe de grands enjeux de société notamment les mécanismes économiques et les changements climatiques. Depuis une dizaine d’années, à partir des missions photographiques qu’il a initiées, l’artiste s’attache à représenter le monde sous-marin, en particulier les différents habitats et paysages qui le constituent. À partir des représentations qu’il construit, Nicolas Floc’h devient passeur, producteur d’images-œuvres d’art, mais établit également la documentation d’un état des milieux à un instant donné également utilisable par des océanographes, des experts de la mer ou encore des pédagogues. Avant tout, les images réalisées ouvrent un chapitre d’une histoire de l’art du paysage qui n’a pas été traité par les grands mouvements artistiques. Si les peintures des orientalistes du XIXe siècle rendaient populaires des paysages méconnus mais fantasmées de l’Orient, les photographies du projet Initium Maris de Nicolas Floc’h révèlent un univers bien réel, ignoré du plus grand nombre. En effet, les visions des documentaires de l’explorateur Jacques-Yves Cousteau ou encore du film d’animation Le Monde de Nemo des studios Pixar s’avèrent très parcellaires, négligeant une très large partie, apparaissant plus banale, du monde sous-marin.

Les photographies de Nicolas Floc’h ont un grand pouvoir de suggestion, incitant le public à projeter ses références dans les formes des paysages, tantôt un visage apparaît, tantôt c’est le désert du Sahara ou une forêt tropicale ! Ses images en noir et blanc rappellent des vues d’astronomie, de planètes étranges, et partagent des points communs essentiels : l’être humain n’y a pas sa place et les repères physiques s’effacent. Cependant, contrairement à ceux de l’espace, les paysages visités par Nicolas Floc’h témoignent parfois de l’impact de l’activité humaine.

Nicolas Floc’h (1970, France) expose régulièrement en France et à l’étranger, notamment au Centre Pompidou et au Palais de Tokyo à Paris, dans les Fonds Régionaux d’Art Contemporain à Marseille, Dunkerque ou encore Rennes. Il sera résident de la Villa Albertine aux Etats-Unis en 2022 autour d’un projet sur le fleuve Mississippi.

Initium Maris [le début de la mer], 2015-2021

Initium Maris est une œuvre de la série « paysages productifs ». Cette mission photographique initiée par Nicolas Floc’h a pour objet de représenter les espaces sous-marins à une époque où le changement climatique génère des bouleversements majeurs au sein des écosystèmes. Cette expédition conduite depuis son bateau « OAO », le long des côtes et îles bretonnes est menée en dialogue avec des équipes scientifiques et citoyennes.

Les vues panoramiques de paysages sous-marins bretons réalisées par l’artiste en apnée ou en plongée bouteille sur 70 sites, couvrent une étendue allant de Saint-Nazaire à Saint-Malo, constituent un fonds photographique de typologies de paysages entre 2015 et 2021. Prises entre la surface et 50 mètres de profondeur, en lumière naturelle et au grand angle, ces images permettent d’approcher les paysages naturels ou anthropiques ainsi que leurs transformations et montrent l’étendue du visible tel qu’il s’offre au regard. Les photographies présentées dans l’exposition proviennent à la fois de la série « Ouessant », effectuée en 2016, des temps de préparation en 2017 et 2018, puis de l’expédition à bord de « OAO » en 2019, 2020 et 2021.

Enfin, pour la série réalisée lors de la campagne océanographique CheReef en 2021, Nicolas Floc’h sangle le caisson de son appareil photo sur le robot sous-marin « Ariane » de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Il produit ainsi des images, éclairées cette fois par les phares de l’engin d’exploration, entre 700 et 1800m de profondeur, perçant la nuit noire des grandes profondeurs.