Ultramoderne est né du désir d’imaginer un lieu, d’imaginer l’exposition comme une forme dont tous les paramètres peuvent être remis en jeu. Une règle, proposée à chaque participant, les invite à prendre en charge l’un des aspects du projet. Définies au préalable, les différentes fonctions de l’espace donnent alors lieu à un programme, comparable à un programme architectural. Autour d’une série de fonctions générales sont déclinées différentes modalités d’interventions pouvant répondre à l’ensemble des besoins. « Se réunir », « mettre en forme», « archiver », « communiquer », « sélectionner » représentent autant de possibilités d’inventer, d’opposer ou de substituer une série d’éléments qui définissent la forme du projet. Chacune des fonctions en implique de nombreuses autres qui ne peuvent se concevoir qu’en étroite relation les unes avec les autres. Ces multiples propositions à l’intérieur du projet composent alors le paysage de l’exposition, et ne permettent pour autant pas de présager, à l’avance, de sa forme finale.
L’exposition propose un ensemble de formes dont tous les détails sont négociés, des manières de construire, d’exposer ou de communiquer. L’exposition présente alors les signes produits par une communauté temporaire, invitée à réinventer son cadre global d’apparition réel ou supposé. Elle est un lieu, à la fois physique et mental : l’exposition est bel et bien située, mais elle apparaît également dans l’espace public au-delà du lieu.
Elle interroge évidemment une série de modèles historiques. Son objet consiste en le fait d’en expérimenter les principes dans un autre contexte, et d’en révéler les potentialités, comme les limites. En s’appuyant sur le travail d’artistes actifs dans différents pays, l’exposition propose à une série de créateurs de tous horizons de mettre en jeu les référents qu’ils manipulent : la notion d’usage et de fonction des oeuvres, l’utilisation d’un répertoire de formes liées aux premières abstractions, l’idée de communauté et de mémoire commune, comme de façons d’habiter. La modernité, socle commun à de multiples pratiques, révèle dans le même temps des différences historiques, culturelles et politiques, dès lors que l’on envisage son histoire à l’échelle globale.
Le projet se fonde donc sur des pratiques et des référents partagés, articulés autour d’un projet commun. Pour autant, il ne nous apparaît impossible d’aspirer aujourd’hui à « un moyen de création objectif et universel » (Van Doesburg, Conférence au Congrès des Artistes Progressistes, Düsseldorf, 1922). Il s’agit plutôt de nous travailler aux marges de ces utopies, pour expérimenter un autre mode de production, d’exposition, et de relation entre l’oeuvre d’art, le lieu, et son public. Aux standards du lieu d’exposition se substituent d’autres standards possibles, à la standardisation des espaces sont opposées des structures partagées, pouvant devenir à leur manière de nouveaux standards : oeuvres, objets, images, nouveaux ou existants, reformulés ou activés dans ce contexte choisi, proposent au spectateur un exercice de lecture à différents niveaux. Il est ainsi invité à découvrir un lieu et
des oeuvres au statut ambigu, entre exposition et décor, architecture et pavillon d’une exposition universelle, et à éprouver des formes à la valeur d’usage indéterminée.
Le café de l’Aubette, à Strasbourg, apparaît parmi d’autres comme un modèle possible. Entre 1926 et 1928, l’Aubette était un vaste complexe de loisirs dont les décors avaient été imaginés par trois artistes de l’époque : le couple Hans et Sophie Taeuber Arp et Théo van Doesburg. Les oeuvres des artistes constituaient le décor même du bâtiment qui s’étendait sur quatre étages : dans les salles de danse, le cinébal, la brasserie, les cafés, les salons de thé, le foyer-bar et la salle de billard. Mais l’Aubette, qui devait être le manifeste de De Stijl et l’application la plus aboutie des théories de Van Doesbourg, n’a finalement jamais eu le succès escompté. C’est alors la notion de projet, mais aussi d’échec qui nous intéresse. L’exposition, entre idéal et ruine modernes, apparaît comme en perpétuelle construction ou déconstruction, rénovation et entropie. Le projet met en balance une forme de manifeste à rebours, ne d’un désir nécessaire de réinvention permanente, et un regard paradoxal sur le passé, conjugué au futur, au travers de la mise en scène d’un espace potentiel.
Un catalogue bilingue (français/anglais), 120 pages, A4, monochrome, réalisé avec le soutien de Multiplan Group, ainsi qu’un album de l’exposition prenant la forme d’un poster couleur, 60 x 40 cm, seront publiés à l’occasion de Ultramoderne (coédition it: / art contemporain.lu / centre d’art passerelle).
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Biographies
Armando Andrade Tudela : né en 1975, Lima (Pérou) / born in 197, Lima (Peru)
vit et travaille à St Etienne (France) / lives and works in St Etienne (France)
Götz Arndt : né en 1962, Cawl (Allemagne) / born in 1962, Cawl (Germany)
vit et travaille à Wormeldange (Luxembourg) et Paris (France) / lives and works in Wormeldange (Luxembourg) and Paris (France)
Karina Bisch : née en 1974, Paris (France) / born in 1974, Paris (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Karla Black : née en 1972, Alexandrie (Egypte) / born in 1972, Alexandria (Egypt)
vit et travaille à Glasgow (Ecosse) / lives and works in Glasgow (Scotland)
Katinka Bock : née en 1976, Francfort (Allemagne) / born in 1976, Frankfurt (Germany)
vit et travaille à Paris (France) et Berlin (Allemagne) / lives and works in Paris (France) and Berlin (Germany)
Simon Boudvin : né en en 1979, Le Mans (France) / born in 1979, Le Mans (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Martin Boyce : né en 1967, Hamilton (Ecosse) / born in 1967, Hamilton (Scotland)
vit et travaille à Glasgow (Ecosse) / lives and works in Glasgow (Scotland)
Valentin Carron : né en 1977, Fully (Suisse) / born in 1977, Fully (Switzerland)
vit et travaille à Fully (Suisse) / lives and works in Fully (Switzerland)
Nicolas Chardon : né en 1974, Clamart (France) / born in 1974, Clamart (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Stéphane Dafflon : né en 1972, Neyruz (Suisse) / Born in 1972, Neyruz (Switzerland)
vit et travaille à Paris et Lausanne (Suisse) / lives and works in Paris and Lausanne (Switzerland)
Daniel Dewar : né en 1976, Forest Dean (Royaume-Uni) / born in 1976, Forest Dean
(United-Kingdom)
vit et travaille à Nantes (France) / lives and works and Nantes (France)
Experimental Jetset : fondé en 1997 par Marieke Stolk, Erwin Brinkers et Danny van den
Dungen / founded in 1997 by Marieke Stolk, Erwin Brinkers and Danny van den Dungen
studio de design graphique établi à Amsterdam (Pays-Bas) / graphic design unit established in Amsterdam (The Netherlands)
Grégory Gicquel : né en 1975, St Brieuc (France) / born in 1975, St Brieuc (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Yann Géraud : né en 1977 à Château-Gonthier (France) / born in 1977, Château-Gonthier (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France
Roger Hiorns : né en 1975, Birmingham (Royaume-Uni) / born in 1975, Birmingham
(United Kingdom)
vit et travaille à Londres (Royaume-Uni) / lives and works in London (United Kingdom)
Chris Johanson : né en 1968, San Franciso (Etats-Unis) / born in 1968, San Francisco (USA)
vit et travaille à Portland (Oregon) / lives and works in Portland (Oregon)
Pierre Leguillon : né en 1969, France / born in 1969, France
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Genêt Mayor: né en 1976 / born in 1976
vit et travaille à Cheseaux (Suisse) / lives and works in Cheseaux (Switzerland)
Damien Mazières : né en 1975 à Bordeaux / born in 1975, Bordeaux (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Mathieu Mercier : né en 1970, Conflans-Sainte-Honorine (France) / born in 1970, Conflans
Sainte-Honorine (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Gyan Panchal : né en 1973, Paris (France) / born in 1973, Paris (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Diogo Pimentão : né en 1973, Lisbonne (Portugal) / born in 1973, Lisbonne (Portugal)
vit et travaille à Paris / lives and works in Paris
Falke Pisano : née en 1978, Amsterdam (Pays-Bas) / born en 1978, Amsterdam (The Netherlands)
vit et travaille à Amsterdam (Pays-Bas) / lives and works in Amsterdam (The Netherlands)
Jan van der Ploeg : né en 1959, Amsterdam (Pays-Bas) / born in 1959, Amsterdam
(The Netherlands)
vit et travaille à Amsterdam (Pays-Bas) / lives and works in Amsterdam (The Netherlands)
Lili Reynaud Dewar : née en 1975, La Rochelle (France) / born in 1975, La Rochelle
(France)
vit et travaille à Bordeaux (France) / lives and works in Bordeaux (France)
Soraya Rhofir : née en 1981 / born in 1981
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Clément Rodzielski : né en 1979, Albi (France) / born in 1979, Albi (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
Evariste Richer : né en 1969, Montpellier (France) / born in 1969, Montpellier (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)
TEAM TCHM: fondé en 2000 / founded in 2000
unité de design graphique établi à Rotterdam (Pays-Bas) / graphic design unit established in Rotterdam (The Netherlands)
Jens Wolf : né en 1967, Heilbronn (Allemagne) / born in 1967, Heilbronn (Germany)
vit et travaille à Berlin (Allemagne) / lives and works in Berlin (Germany)
Raphaël Zarka : né en 1977, Montpellier (France) / born in 1977, Montpellier (France)
vit et travaille à Paris (France) / lives and works in Paris (France)