Le centre d’art passerelle présente une exposition intitulée Traces regroupant le travail récent de l’artiste russe Victor Alimpiev et l’installation Shoe/Chaussure 1:1 de Marie-Ange Guilleminot.
Le titre de cette exposition évoque l’empreinte laissée par les corps comme étant les témoins de leur absence. Les œuvres présentées deviennent ici des objets qui conservent les “traces” de ces corps, tant sur la toile que par les modèles sculpturaux des chaussures réalisées sur mesure.
La thématique annuelle du centre d’art passerelle s’interroge sur la notion du corps, de sa représentation, de sa transformation, de son absence/présence à travers notamment le vêtement, qui s’apparente à une enveloppe liée à une appartenance sociale, à une identité, à la mémoire.
Victor Alimpiev
Two Beautiful Necks, 2010
Not More Than Three 2, 2010
Not More Than Four, 2010
Several 1, 2010
Several 2, 2010
Several 3, 2010
Several 4, 2010
La fascination de Victor Alimpiev avec des compositions poétiques, lyriques et la répétitivité des gestes de l’abstraction transcende sa pratique du cinéma et est omniprésente dans ses toiles acryliques. Évocatrices, sur une base purement visuelle, de certains expressionnistes abstraits américains tels que Rothko, les peintures de Victor Alimpiev sont créées avec une précision calculée, appliquant méticuleusement différentes couches de peinture afin d’obtenir l’effet désiré d’une surface miroitante, créant ainsi une impression de profondeur.
Parfois, les formes et les lignes organiques, qui viennent casser la surface monotone de la toile, évoquent des images sombres de silhouettes humaines avant de se désintégrer dans le champ intangible de la couleur, créant l’illusion paradoxale de mouvement et d’inertie.
Pourtant, Victor Alimpiev s’intéresse moins à la notion de distinction, qui, dit-il est inhérente à la nature de la peinture, que dans l’uniformité créée grâce à la récurrence rythmique, la répétition, des formes.
Le spectateur est nécessaire, non pas pour trouver la différence mais pour réaliser l’homogénéité de l’ensemble. Comme les personnages de ses vidéos, qui fusionnent en une masse unique, chacune de ses peintures, chaque différence font partie intégrante d’un tout.
Marie-Ange Guilleminot
shoe / chaussure 1 :1, 2002
Chacune des pièces qui constituent la série Mes Robes a été réalisée sur mesure, par et pour l’artiste. Ces pièces uniques, faites pour un seul corps, correspondent chaque fois au développement d’un projet. La robe, objet de rêve, devient l’enveloppe du corps dans un moment réel et, en le protégeant, lui permet d’être affecté par ce qui l’entoure. Ces robes acquièrent ainsi une mémoire des événements qu’elles ont subis. Elles sont atemporelles pourtant, et universelles, aussi bien à leur place dans un château que dans un décor orientaliste où l’artiste les a portées.
Dans son installation intitulée shoe / chaussure 1 :1, 2002, elle restitue une véritable recherche scientifique, entreprise en 1999, sur la collection de chaussures du musée Bata de Toronto : chaque chaussure est photographiée de profil, à la même échelle, prenant presque l’aspect d’un dessin, dont les formes peuvent s’apparenter à des meubles ou à une architecture. Marie-Ange Guilleminot réalise des prototypes des semelles de chaussures, en les réinterprétant à sa façon. Ainsi, elle ausculte les liens que le corps développe avec l’objet vestimentaire.