Mikel Béchu, Ronny Bulik, Martin Brune, Noémie Cartiaux, Aymeric Caulay, Hélène Cressent, Maike Denker, Marion Diemer, Geoffroy Dobbels, Anne Fellner, Antja Gildemeister, Timo Herbst, Romy Kroppe, Benedikt Leonhardt, Marcelline Louyer, Julie Maignan, Sebastian Mühl, Sophie Salzer, Roman Schultze, Katharina Siegel, Thomas Stephanblome, Annahita Anna Zielonka
Paysages en transformation est un projet élaboré conjointement par les enseignants des écoles d’art de Leipzig et de Brest. En effet, les paysages de Brest -en Bretagne- et de Leipzig -en Saxe- ont subi de notables transformations dues à l’évolution de la situation économique. Avec le bouleversement politique de la fin des années 1980 et du début des années 1990, des communautés autrefois stables ont connu des modifications importantes. En Saxe (ex-RDA), l’industrie du charbon a perdu sa primauté et, en Bretagne, l’industrie liée à la Défense a subi de fortes restructurations. En raison du processus de rationalisation économique et de nouvelles considérations environnementales, le secteur de l’industrie lourde a été considérablement réduit dans la région de Leipzig. La fin de la guerre froide et la perte d’influence de l’Union soviétique en Europe occidentale ont entraîné une réorientation de la stratégie des activités de la Défense.
Au fil du temps, ces changements successifs ont eu un impact réel sur les bassins d’emploi de ces régions. Les conséquences de cette nouvelle situation sont visibles et tangibles. Les anciennes zones minières de la région de Leipzig présentent toujours un énorme problème écologique et social car des pans entiers de la prospérité économique de l’industrie minière sont aujourd’hui en ruine et les habitants de cette région, auparavant employés dans l’industrie du charbon, sont au chômage ou ont émigré. Des villages entiers sont abandonnés, en friche, et les paysages sont désormais des espaces de représentation de ce phénomène douloureux. Brest, pôle de la Défense atlantique, s’attache à reconvertir les espaces autrefois dédiés aux activités industrielles liées à l’armement et à en traiter les conséquences environnementales et urbaines.
Cependant l’industrie minière comme l’histoire militaire restent une composante essentielle de la mémoire et de l’identité collectives des deux régions. Les deux villes s’attachent à développer des stratégies propres à accompagner les conséquences des processus de transformation économique et sociale afin de construire une nouvelle identité collective (tourisme, nouvelles technologies, foires commerciales).
Ce phénomène de transformation urbaine commun à Brest et à Leipzig a été le point de départ d’une confrontation artistique en s’appuyant sur la découverte de preuves visibles : aspects historiques, réalité sociale actuelle, histoires orales, entretiens avec les témoins, etc. Les étudiants de l’option art de l’EESAB – site de Brest et de la School of Visual Arts de Leipzig se sont associés au cours du premier semestre de l’année scolaire 2011-2012 afin de travailler mutuellement ces questions des processus de mutation. Chaque participant en a exploré les signes sur son territoire par le biais de recherches historiques et de collecte de matériel : textes, images, vidéos.
Deux ateliers mixtes ont été organisés avec les étudiants des deux écoles, accompagnés d’un travail théorique sur ces questions. Ils se sont déroulés de manière expérimentale, à l’extérieur des écoles, dans des lieux où le paysage industriel de Leipzig et l’environnement militaire de Brest sont prégnants.
Au sein des deux groupes de travail, l’accent a été mis sur l’approche interdisciplinaire. Les étudiants, en effet, travaillent avec différents médiums: photographie, peinture, graphisme, vidéo et performance. La notion de « Paysages en transformation » est suffisamment ouverte pour embrasser toutes les formes de l’art contemporain. Il était nécessaire que le travail se déroule conjointement sur chaque site pour faciliter la concertation et la réflexion ainsi que le partage d’idées et de concepts. La découverte des contextes de travail respectifs a par ailleurs favorisé les échanges de point de vue entre les jeunes artistes allemands et les jeunes artistes français.
En octobre 2011, un groupe d’environ douze étudiants français et leurs enseignants se sont donc rendus à Leipzig pour travailler avec des étudiants allemands et leurs enseignants durant une semaine. Guidés par les étudiants allemands, ils se sont rendus dans des lieux significatifs de la transformation. En retour, en novembre 2011, le groupe de douze étudiants allemands a passé une semaine à Brest où ils ont travaillé avec les étudiants français sur les sites choisis.
Un blog spécialement dédié a été créé pour communiquer les premières idées et impressions, entretenir des discussions préliminaires autour du contenu, des méthodes et des intérêts mais aussi pour permettre à chacun de présenter ses productions :
Durant quatre mois, un travail s’est engagé dans chacune des deux écoles. Chaque étudiant a produit une pièce avec des propositions singulières en relation avec sa pratique. Cet ensemble très divers – peinture, dessins, photographies, installations, vidéos – a fait l’objet d’une exposition à l’école d’art de Leipzig fin avril 2012. Durant une semaine les étudiants ont élaboré ensemble cette présentation, accompagnés de leurs enseignants.
Cette exposition est réactualisée aujourd’hui dans un nouveau contexte à Brest au centre d’art contemporain Passerelle, avec la participation de sa directrice Ulrike Kremeier.