Nicolas CADO
« Il ne faut pas en vouloir aux anges, ils se reposent,
ne cherchez pas à l’expliquer,
faites silence,
voilà tout ce qu’ils demandent… »
Claire DAVY
Réserves de silence.
Des coussins, traversins et matelas de béton marqués par l’empreinte, sont les sujets de ce repos visuel, cette vie conservée dans la matière.
Confronté alors au sensible et à l’intelligible, au visible et à l’invisible, à la forme et à l’informe, face au vide, le spectateur le remplit de sa présence. Cette transposition le renvoie à sa propre condition humaine, à sa propre existence dans ce monde qui l’entoure.
Jean Marie LE COGUIC
« C’est la suprématie de la couleur sur le gris. Ici s’est ouvert une sorte de dialogue entre la vie et la mort. Du chaos émerge une fleur, une pomme, un homme, pour ainsi dire la couleur, la lumière, …. Durant l’année, une nouvelle perspective s’est offerte à moi pleine de couleurs, pleine de vie, pour enfin la transmettre à autrui par la peinture. »
Catherine LEMAIRE
Ce travail vidéo est une interrogation sur l’identité d’une figure féminine forte : celle de la vierge, en tant que symbole phallique.
Considérant que l’immatérialité de Dieu est une privation positive de la chair, que l’absence de chair est de ne pas avoir d’imperfection, ne pas avoir de manque. Jésus, lui, de conception virginale est l’esprit incarné, rédempteur de l’humanité. Seule Marie dispose d’un corps donc de la possibilité d’un manque. C’est-à-dire d’être marqué par la présence d’une absence : d’un ne pas avoir. Ce « ne pas avoir » appelle « à avoir » c’est en cela que la vierge peut disposer de la fonction symbolique du phallus.
La vierge consacrée est une image de fascination et d’aspiration. Elle ne cesse d’osciller entre l’être humain et le supra-humain. Nommée par l’église « femme forte », cet être continue fait preuve d’une force ambivalente, d’une unité double.
Dans l’attitude solennelle, pudique et bienveillante, le voile évoque sa pureté immaculée. Le voile cache et révèle la présence du corps. « Le manque est derrière le voile ». Il inscrit une limite qui induit que là, en dessous, il y a un interdit.
Dans le mouvement d’invagination du voile nous pourrions découvrir, peut être même avec effroi, la chair issue du pêché originel. Cette transgression est nécessaire car il n’y a ni pêcheur, ni rédempteur sans le coupable pêché originel. C’est cela qui fait la vierge, malgré sa transcendance, un être semblable à nous-mêmes. C’est par cette identification au corps, que nous pouvons tendre à un sentiment religieux à travers un rituel érotisant du sacrement.
Denis LECLERC
Trouble dans la mémoire, bientôt elle ne sera plus. « Quand on filme, on enregistre la mort au travail… »
Olivier Smolders – Mort à Vignole.
Nicolas RESPRIGET
C’est cette tentative, à travers contorsions et rixes, qui miment les danseurs. La réflexion sur le lien est aussi au cœur du traitement des images et du son, mais dans une dialectique avec la dispersion et la fragmentation, puisqu’il s’agit de faire tenir ensemble des brides visuelles et sonores. Le montage de sons hétérogènes est ainsi scandé et contrasté par de la musique espagnole, une fanfare de chasse ou des cloches d’église. Le point de vue tronqué sur les objets (bobines colorées, containers, architectures abstraites ou portuaires) trouve un écho dans la mise en pièce et en scène des déchets, mais c’est dans la fragmentation même qu’ils prennent un intérêt esthétique.
Nicolas Respriget invente donc une alchimie qui mobilise tous les sens. Le spectateur, enivré par le flux des sons, les marées d’images et les évolutions des danseurs, peut se laisser porter par ce spectacle total pour le plaisir des yeux et des oreilles. Il peut aussi, comme le mouvement d’auto-reverse et les lettres inversées y invitent, s’amuser à le déchiffrer pour dénouer les fils de l’écheveau et retisser l’unité créatrice du projet.
« Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohu plus triomphant » Arthur Rimbaud.
Extrait du texte de Fabienne Pomel
Pour la gazette de Messioual
14/06/2002.
Guillaume ROBERT
L’odyssée.
(chez le volontaire n°11, vidéo, boucle de 2mn 26)
L’odyssée est une performance. L’odyssée ne se sert pas de la vidéo comme d’un simple médium de documentation. L’odyssée fait de la video le moteur de l’action.
Cette performance a eu lieu à Milan en avril 2002 pendant une dizaine de jours. Le rôle que je me suis inventé s’apparentait à celui d’un V.R.P : téléphone, rendez-vous, métro, marche, démonstration, répétition. Invisible, j’appartenais au flux, j’étais une de ces personnes pressées et laborieuses de la cité.
La galerie Via Farini m’a servi de secrétariat et m’a permis d’enclencher le scénario.
Ne plus faire entrer l’œuvre dans l’exposition, mais l’exposition dans l’œuvre. A Via Farini était visible un téléviseur éteint, le titre du travail et un panneau « Pour tout renseignement s’adresser à l’accueil ». Un agenda était à la disposition du galeriste.
Tisser, volontaire après volontaire, tisser, téléviseur après téléviseur, une vidéo sans couture ni coupure, un film d’Ariane, un processus de sédimentation qui pourrait se développer perpétuellement. Quête absurde, chaque couche de l’accumulation vient davantage détériorer les précédentes. Dépense improductive de temps, d’argent, d’énergie. Place à la dissolution du caractère figuratif de la vidéo, à la confusion, à l’oubli.
Laurent HAMON
Je ne souhaite pas aborder le design dans une approche industrielle et de pure consommation. Je pense qu’il faut faire place à un terrain d’échange entre les individus. La relation à l’autre me paraît indispensable.
Je veux mettre en place un dispositif relationnel. Aller sur le terrain est une priorité pour moi car je veux provoquer une rencontre. De là doit naître un échange de proximité, je recherche un climat de communion avec les individus afin de libérer le sensible, l’affect, et le bien être.
L’objectif de ma démarche est de donner les moyens et les outils à l’individu pour qu’il devienne acteur et non plus simple consommateur. L’enjeu se situe donc dans sa capacité à développer un projet pour susciter le désir d’un objet. Le désir se manifeste s’il existe du plaisir à partager un espace, une culture, une histoire.
Sébastien HABASQUE
Un aqua-concept.
Une proposition globale de système de bain qui en plus de ses « qualités techniques » intègre une dimension émotionnelle importante.
L’idée génératrice de ce projet est de faire intervenir des sensations physiques liées à mes souvenirs d’enfance, eux-mêmes liés au littoral du Nord-Finistère et plus précisément aux bord de mer, à Kerlouan.
Les notions de sensations physiques et de souvenirs bien qu’indépendantes sont indissociables, mon but n’étant pas de retranscrire une réalité sensitive, mais plutôt une interprétation de celle-ci. En effet, une confrontation avec la réalité peut s’avérer décevante, il y a nécessité d’une gestion des procédés permettant la remise à flots des souvenirs dans le champ du design.
Ce qui est principalement recherché dans ce projet est le bien-être psychique. Il passe évidemment par le plaisir des sens mais aussi par l’exercice d’une certaine mémoire, le rappel d’un milieu ou d’un environnement familier, d’un moment agréable. Le fait de créer de nouvelles expériences y participe également ; sensations décontextualisées, du milieu naturel à notre environnement de vie, futurs rituels de bain, notions d’interactions entre l’objet et les personnes.
L’école supérieure d’arts de Brest remercie le Centre d’Art Passerelle pour son accueil et tout particulièrement Arnaud et Elizabeth pour leur assistance technique.